Le chantier de restauration de l'Abbatiale Saint-Ouen de Rouen

 

La restauration de l’Abbatiale Saint-Ouen lancée en 2021 concerne plusieurs parties de l’édifice, et est découpée en plusieurs étapes clés. L’ensemble des travaux est prévu achevé en 2024.

 

Phase 1 : Restauration des couvertures et charpentes, de la tour couronnée et élévations du bras Sud du transept

La restauration des couvertures et charpentes

Les couvertures du vaisseau principal, du chœur et du transept ont été refaites en ardoise en 1960, à l’exception d’une bande de 3 à 4 mètres de large au droit de la tour couronnée. Ces zones ont été couvertes en tôle dans l’attente de la restauration des parements de la tour couronnée (chutes de pierre régulières sur les couvertures). Cette restauration est aujourd’hui achevée, et les tôles laissées en place sont vieillissantes. L’étanchéité de l’édifice n’est plus assurée, et les charpentes souffrent de dommages liés aux entrées d’eaux pluviales, notamment celle du bras Nord de transept, en très mauvais état.

Le projet de restauration prévoit le rétablissement d’une couverture en ardoise sur l’ensemble des zones tôlées. Les charpentes datant du XIVème siècle seront restaurées en recherche, après dépose de la couverture. Les assemblages seront vérifiés. Les bois altérés seront remplacés en chêne, greffés ou enturés suivant leur état sanitaire.

Une attention particulière sera apportée aux façonnages, assemblages et moulurations des pièces de bois remplacées. Celles-ci devront être identiques aux éléments en place, afin de conserver les particularités des charpentes existantes. De plus, afin de conserver au maximum les bois existants, les chevrons et panne faîtière creusés par le ruissellement des eaux pluviales seront délignés (purge de la partie altérée). Une fourrure sera ensuite mise en œuvre pour redonner aux pièces de bois leurs sections initiales.

Lancée en mars 2021, cette première étape de restauration des charpentes et toitures est prévue achevée pour le début de l’année 2022.

La restauration des élévations du bras Sud de transept et du portail des Marmousets

Le bras Sud du transept comprenant le portail des Marmousets a été construit en trois campagnes de travaux se succédant du XIVe au XVIe siècle. Ses principales dispositions initiales ont persisté jusqu’à aujourd’hui.

Lors des restaurations entreprises au cours du XIXe siècle, les parements des parties hautes des deux tours d’escalier ont été amplement repris en pierre de l’Oise, de même que de nombreux éléments des élévations extérieures du porche. L’ensemble des ornements, statues et pinacles a été restitué. Quelques années après l’achèvement du nouveau massif occidental, dans les années 1870, le bras Sud du transept présente à nouveau un aspect “complet”, mais dont la teinte des pierres neuves, jaune, tranche avec la pierre de la Vallée de la Seine mise en œuvre initialement, blanche. C’est cet état qu’il est aujourd’hui proposé de restaurer, en accord avec le parti de restauration général pour une cohérence d’ensemble.

Ainsi, l’ensemble des parements extérieurs sera restauré. Dans un premier temps, les herbes, racines et végétation grimpante sur les parements extérieurs, seront enlevées par arrachage, y compris des racines incrustées dans les maçonneries. Les parements en pierre seront ensuite nettoyés par micro-gommage.
Les pierres les plus altérées, ayant perdu de leur capacité mécanique seront déposées puis remplacées par une pierre de nature identique, soit de la pierre de Vernon pour les zones à dominante en pierre de la Vallée de la Seine, de la pierre de Saint-Leu en remplacement de la pierre de Conflans utilisées dans les restaurations du XIXème siècle réalisées au niveau du porche, ou de la pierre de Saint-Maximin franche fine en remplacement de la pierre de Conflans utilisées dans les restaurations du XIXème siècle niveau des parties hautes du bras Sud de transept.  Le calepin d’appareillage originel sera respecté.
Les éléments en pierre de taille à restaurer seront repris par greffe de pierre de nature identique à l’existant avec joint marbrier. L’ensemble des joints sera repris à la chaux.

Les éléments sculptés seront également restaurés, en conservant au maximum les éléments anciens. Toutefois les éléments étant trop abimés seront remplacé par des sculptures neuves. Les éléments lacunaires seront restitués.

Ces sculptures neuves seront faites selon les modèles en place lorsqu’ils existent (notamment pour les pinacles, dais etc...) ou suivant les gravures et autres documents historiques s’il n’existe pas de modèles en place.

Par exemple, les attributs et tête des six statues de la galerie, maladroitement mis en œuvre au XIXème siècle, seront restitués en pierre de la Vallée de la Seine suivant les différents documents d’archives et références historiques.

Les têtes et attributs greffés en pierre de Conflans et Saint-Maximin au XIXème seront purgés. Les corps sont sûrement d’origine : ils seront conservés, nettoyés et restaurés.

Les éléments sculptés à l’intérieur du portail des Marmousets seront également restaurés, mais les éléments lacunaires ne seront pas restitués : ceux-ci ont semble-t-il été bûchés et dérobés en 1562 lors de la 1ère guerre de religion par les huguenots.

L’étanchéité de la terrasse du porche des marmousets sera également reprise : une couverture en plomb sera mise en œuvre à la place de l’étanchéité bitumineuse mise en œuvre à l’issu de la 2nde guerre Mondiale, aujourd’hui défaillante.

Ces travaux ont débuté en mars 2021. L’achèvement de ces travaux et la réouverture du portail des Marmousets sont annoncés pour la fin 2023.
 

Phase 2 : Restauration des verrières du bras Sud de transept et restauration du massif occidental

La restauration des verrières du bras Sud de transept

Les verrières du bras sud du transept ont fait l’objet de nombreuses campagnes de restauration depuis le XIX° siècle. La repose d’après-guerre s’étale de 1947 aux années 1980.
Les remaniements successifs ont conservé l’idée des grands personnages en pied se déployant autour de la rose, mais nombreuses sont les pièces de restauration et les panneaux d’accompagnements.

La restauration des baies hautes du transept sud présentant de grands personnages sera une restauration raisonnée. Les panneaux d’accompagnement créé au XX° siècle, de grande qualité, seront conservés car ils redonnent une bonne lisibilité à l’œuvre et font partie intégrante de l’histoire du vitrail. En revanche, les pièces assemblées par des plombs de casse seront comblées à la résine avec une retouche illusionniste. Les visages effacés seront rendus plus lisible par retouche à froid (application de graphite par exemple qui révèle l’ancien trait).

La restauration des baies s’effectuera en plusieurs étapes

Les vitraux des baies hautes et de la rose seront déposés, transportés en atelier puis soigneusement nettoyés. Des pièces neuves seront réalisées en remplacement des pièces trop altérées ou lacunaires. Le dessertissage partiel des panneaux pour permettre leur restauration sera réalisé avec soin pour éviter toute casse de pièce de verre. Les résidus de mastic seront sur les rives des pièces. Les plombs anciens en bon état de la résille originelle seront conservés. Une pièce nouvelle sera débitée, coupée suivant le dessin du verre existant ou à remplacer.

Pour les pièces qui ne nécessitent pas la création d’une pièce neuve, leur restauration sera menée avec la suppression des plombs de casse, afin de redonner la lisibilité de l’œuvre. Des collages et de compléments seront mis en œuvre pour restaurer les verres endommagés.

Des verrières de doublage seront mises en œuvre sur les baies hautes du transept Sud et de la rose Sud, afin de protéger ces œuvres et assurer le clos de l’édifice. Les anciennes barlotières intérieures seront déposées. De nouvelles barlotières en inox à double pannetonage en inox teinté seront posées, permettant ainsi à la double verrière d’être posée à l’ancien emplacement du vitrail, afin de conserver la perception actuelle de l’édifice depuis l’extérieur.

Les vitraux seront reposés depuis l’intérieur, facilitant ainsi les futures restaurations, sur les nouvelles barlotières, encadré dans un cadre en métal, empêchant les jours entre les remplages et les vitraux.

Les vitraux du triforium, plus récent et en bon état, seront nettoyés et restaurés en place.

Ces travaux de restauration débuteront fin 2021, pour sont prévus achever pour la fin de l’année 2022.

La restauration du massif occidental

Le massif occidental n’a connu que peu de modifications depuis sa construction en 1846- 1852.
Les plus notables concernent l’adaptation du plancher en bois des salles aveugles des deux tours, remplacés par un voûtement en brique moins de quinze ans après l’achèvement du chantier en raison du défaut de ventilation des salles aveugles, et la réalisation d’une couverture en plomb sur la terrasse en dalles de pierre au pied du triforium pour tenter de résoudre le défaut d’étanchéité de cette zone.

Les différentes campagnes de travaux réalisées sur le massif occidental ont toujours été lancées après le constat de chutes d’éléments, plus ou moins importantes, et sur des zones ciblées. A chaque fois, il s’est agi soit d’une restitution de l’élément qui avait chuté, soit de la réfection à l’identique d’un élément menaçant ruine, soit de la purge d’un élément menaçant ruine. Citons la réfection à l’identique des flèches suite à un ouragan en 1876 et celle de plusieurs pinacles, fleurons et statues suite à la tempête de 1999.

Le parti de restauration s’inscrit dans la continuité de ces interventions, en prenant l’état de 1852 comme état de référence.

Les parements extérieurs seront nettoyés et restaurés. L’ensemble des éléments manquants (pinacles, crochets, fleurons...), entièrement documentés par plusieurs sources iconographiques, seront restitués. Les éléments sculptés conservés seront restaurés, en veillant à conserver les éléments existants au maximum.
L’un des enjeux principaux de la restauration, tout comme pour le bras Sud de transept concerne les matériaux.

A chaque fois que des remplacements de pierre ont été réalisés sur le massif occidental au cours des XIXe et XXe siècles, la pierre de Saint-Maximin a été substituée à la pierre de Conflans, dont est bâti le massif (à l’exception des vestiges de la façade XVIe siècle, en pierre de la Vallée de la Seine). Le projet prévoit le respect des matériaux mis en œuvre ou conservés au XIXe siècle et donc : une restauration en pierre de Saint-Maximin pour les zones à dominante Saint-Maximin (les deux flèches), en pierre de de la Vallée de la Seine pour les zones à dominante de la Vallée de la Seine et en pierre de Saint-Leu pour les zones à dominante Conflans, l’aspect et les propriétés de celle-ci sont compatibles avec la pierre de Conflans.

Les voûtements en brique des salles aveugles seront modifiés pour assurer la bonne conservation des vestiges de grande valeur de la façade initiale du XVIe siècle qu’elles contiennent.

Le projet prévoit également la mise en œuvre de protections des éléments en pierre exposés aux intempéries et l’amélioration du système d’évacuation des eaux de pluie, notamment au niveau de la terrasse sous le triforium, et de la galerie supérieure.

La bonne gestion des eaux pluviales, non prévue par le projet de l’architecte Grégoire, est une condition essentielle à la sauvegarde et la préservation du massif occidental. Des couvrements et chéneaux en zinc se créent ou mis en œuvre en remplacement des éléments de couvertures en plomb existants et défaillants.

L’ensemble des vitraux du massif occidental sera nettoyé et restauré en recherche. Les verrières situées au niveau des portails d’accès seront à cette occasion équipées de raquette de protection.

Ces travaux débuteront à la fin de l’année 2021, et s’achèveront en 2024.